samedi 23 février 2013

Dictionnaire Français – Dioula



Ici le « e » se dit « é »...


Bonjour : ani sogoma (le « g » se dit « r »)
Bonsoir : ani woula
Bonjour à midi : ani tle
Bonsoir la nuit : ani su (le « u » se dit « ou »)
Salutations (comment ça va chez toi, comment va la famille tout ça...) : heretilé na wa ?
Comment vont les activités ?: kow be di ?
Ça va bien : kow kagni
Ça va moyen : kow kafisa
Ça va un peu : kow magni
Merci : a ni ce (le « c » se dit « tch »)
Bonne nuit : ala ka su hèrè
C'est bon (repas) : a dia ra
Je t'aime : i ko ka di nyé
Fais de beaux rêves : siko dimanw kè
Je suis d'accord : nbi son
Je ne suis pas d'accord : nti son

Pour tout le reste, venez chez nous... ;)


Un mariage entre un Turka et une Mossi, une famille chrétienne et une famille musulmane : Bakary et Aïssatou, Bernard et Laurentine, Baco et Aïcha...


















Émotion (synonymes): effervescence, serrement de cœur, transport...

Turka : ethnie située dans le sud-ouest du Burkina, non loin de Banfora. Langue : le Turka, parlent également tous le Dioula, langue commerciale de la région Ouest du pays ainsi que d'une partie du Mali, du Sénégal, de la Gambie, de la Côte-d'Ivoire, de la Guinée équatoriale, etc.

Mossi : ethnie située au centre et à l'est du Burkina, on en trouve également dans divers pays du sahel. Langue : le Mooré.

On assiste ici à un mariage traditionnel Turka autant que faire se peut puisqu'on est en ville et en 2013...


Le 9 février 2013, à 9h30, à la Mairie de Ouagadougou, secteur ... (j'ai oublié, pardon), un homme d'état déclare Bakary et Laurentine Traoré officiellement mari et femme.

A 11h30, direction l'église du secteur … (rrooo décidément!) pour célébrer leur union aux yeux de Dieu et de tous ceux qui n'ont pas eu le courage de se lever suffisamment tôt pour assister au mariage civil à 9h30 (comme moi par exemple... enfin j'étais prête mais bon, la vie, tout ça...).

Wouahou, mes chers amis français, sachez que pour la première fois de ma vie j'ai apprécié d'être dans une église, oui oui, je le dis, j'assume... C'était extraordinaire (enfin à mes yeux car aux yeux de mes amis burkinabés c'est du classique!), une ambiance festive communautaire !! Comment vous dire ?? Eh bien voici la vidéo :


Une fois la cérémonie religieuse achevée, à 12h30 direction « le jardin du maire » (pas son jardin personnel, non non, un restaurant en extérieur réservé spécialement pour l'occasion. Il faut savoir que c'est un des endroits préférés de Baco, c'est là que nous étions allés déjeuner pour la première fois avec lui avec Solène à Ouaga lors de notre voyage en Août, c'est disons un endroit spécial « blanc », en fait peu de locaux y viennent (c'est un peu cher quoi, disons-le clairement!!).
C'est très beau, très agréable, on déjeune sous les arbres, sur différentes tables dispersées. L'endroit est décoré sous le signe de l'amour.
Les mariés arrivent après que chacun soit installé et font le tour du lieu sous la fameuse musique « tintintatintatintintatatintatinta... » (vous avez reconnu??) afin de se faire applaudir de tous les invités et de les saluer à nouveau.

C'est l'heure du repas !

Au menu ce midi:
 amuses-bouches
crudités
poulet
poisson
brochettes de bœuf
farandole de légumes
gâteau
Le tout arrosé de bière et de vin


C'est le moment pour la famille et les amis de faire quelques discours, on apprend comment Baco a draguer Laurentine, comment ils en sont venus à vivre ensemble puis à se marier...

Puis à 15h, hop, on ne traîne pas, direction la maison de la famille du marié pour la danse traditionnelle du balafon (instrument type xylophone mais très grand, en bois).

(Vidéo de l'église et des balafons dès que je trouverai une bonne connexion ;)  )

Et là eh bien on mange encore quelques plats typiques (riz sauce, to, jus de gingembre, bière, poulet grillé, brochettes marinées, etc).

On danse, on ri...

Il est l'heure d'aller dans la famille de la mariée cette fois (on est nombreux à ne pas y aller, la route est longue et on est épuisé)... Alors on reste dans la famille du marié à danser le balafon, à discuter, à attendre le retour des mariés...


 Océane, la fille de Baco (et Lauren dérrière!)



Les demoiselles d'honneur...










20h, les mariés se sont fait désirer, ils reviennent. Ça siffle, ça danse, ça chante, ça festoie !! On danse tous ensemble réuni cette fois, eh puis à 22h il est temps pour nous de déposer les armes et de rentrer se coucher, nous sommes tous fatigués...


Alors il faut savoir qu'un comité d'organisation a été mis en place : de nombreux amis de Baco ont été mis à contribution afin d'assurer un bon transport entre chaque étape, une bonne installation des invités lors du repas, un bon approvisionnement en eau et nourriture, la sécurité du mariage, etc.
Ce sont principalement les jeunes du village de Baco, Beregadougou, et notamment nos amis de l'AEDB (partenaire de Genaf sur le projet de la bibliothèque co-conçue en 2009 à Berega). Ces organisateurs en herbe n'ont pas eu le droit de s'installer lors du repas, ils ont du attendre le départ des invités vers la maison familiale de Baco pour déjeuner rapidement et la fin du mariage pour danser et festoyer.
Sacré responsabilité... !!

Au nom de Génaf et sous la demande spéciale d'Eric, nous avons offert aux mariés un très beau livre photo/historique du Burkina retraçant les coutumes d'une trentaine d'ethnies, notamment celles des Turkas. Raïssa m'a confirmé que c'était un beau livre. Clin d’œil donc pour la bibliothèque, pour le principe qui tient à cœur à Baco de développer l'utilisation du livre dans le quotidien de chaque famille et pour la transmission de l'histoire d'un pays à ses habitants.





On a bien sûr pensé fort à tous les génafiens qui ont connu Bakary, on vous a envoyé toutes nos énergies pour que vous partagiez ces instants à travers nous...
Vous nous avez sentis ??

Une CAN au pays des étalons... Des idées controversées !



Souvenez-vous, il y a quelques jours je vous retransmettais les exploits de l'équipe de foot burkinabée au sein de la CAN 2013.
Après avoir été sélectionné pour les ¼ de finale, les étalons s'en vont donc défier le Togo remportant au bout la qualification pour la ½ finale...
Etape par étape, petit à petit, l'équipe s'en va se battre pour une place en finale face au Ghana...


1/ THE match!

Match difficile, le Ghana est un adversaire redoutable m'apprend-on. Le Ghana nous assigne d'un penalty dans la première partie. L'arbitre de la rencontre fait de telles erreurs qu'on peut entendre « VENDUUUUUU !!! » !
Assignant Jonathan Pitroipa, l'homme de la compétition, au vestiaire suite a un double carton jaune absolument démérité, l'arbitre de la rencontre a véritablement obtenu le titre de bête noire de la CAN. D'autant que quelques minutes après il refuse un but marqué par Bancé « en toute légalité » sans vraiment savoir pourquoi...

Mais les verts n'ont pas dit leur dernier mot... A 10 sur le terrain, ils réussissent à égaliser tant bien que mal, reprenant au Ghana son espoir d'aller directement en finale.
La fin du match à sifflé, les prolongations sont looooongues. Aucun but.
Tirs au but, stress, cris, angoisse, et finalement le Burkina a retrouvé justice en remportant cette épreuve haut la main !!

Ouffff !!

C'est la folie dans Ouaga et dans le pays tout entier.
Il faut danser, boire pour célébrer cela, crier, klaxonner...

Puis vient le jour de la finale. Il faut savoir que toute la semaine fut sous le signe de cette victoire. Les étalons n'avaient pas marqué un but depuis 1998, ils n'avaient jamais passé les ¼ de finale dans la CAN.
Imaginez alors la vie des supporters : sifflements, portant le maillot de l'équipe, drapeau au vent, bières, shaw, etc, et ce chaque jour jusqu'à la finale.

Puis vient le fameux dimanche.
On va s'installer maquis dès 16h pour être sûr d'avoir suffisamment de place puisque nous sommes une douzaine à nous retrouver, au moins ! On trinque, on danse, on se prend du vuvuzela plein la tête toute la soirée, à 17h mes tympans avaient déjà creusé leur tombe, bref, folie.
Eh puis le match commence, c'est chaaaaaud, le Ghana ne fait qu'action sur action, ils manquent de marquer une dizaine de fois, et là, coup de massue, but du Ghana. Il faudra attendre la seconde période pour reprendre espoir mais rien n'y fait, nos étalons cafouillent, ils ratent beaucoup de passes, beaucoup de corner, etc.
C'est la défaite... Quelques uns ne traînent pas, aussitôt le coup de sifflet final donné, ils rentrent chez eux. Il y a ceux qui se relèvent tout de suite pour célébrer la deuxième place sur le podium puis il y a ceux, comme moi, qui ont besoin d'un petit temps de digestion avant de reprendre le shaw. Parce que quand même, une finale, c'est beau, ne prendre qu'un but de la part du Ghana c'est fort, alors on l'applaudi cette équipe du Burkina, qui depuis 1998 n'avait pas marqué.
Et on en reparlera le lendemain. Et figurez-vous que ce lundi là, ce lendemain, eh bien les boutiques étaient fermées, l'après-midi les enfants ont déserté les écoles pour fêter cela encore et encore. Lundi soir les joueurs attérissent au Burkina depuis leur avion privé, mais c'est le feu à l'aéroport, un virus à touché tout le monde, on fuit pour filer à Ouaga aller acceuillir les jours. Mais ce n'est pas terminé : le président Blaise Compaoré annonce que le mardi est chômé/payé !!!! Ok c'est parti pour la teuf !!

Pfiou, quelle aventure.




 











2/ Les « qu'en dira-t-on »... (ça s'écrit bien comme ça??)

Maintenant, derrière les tribunes, juste après le plaisir qu'incombe les victoires des verts, il y a quand même ces questionnements et cette colère de la part des habitants du pays : l'Etat burkinabé étant le premier sponsor de l'équipe de football nationale, il décide d'attribué 3 500 000 FCFA à chaque joueur en prime de match gagné. Puis à partir de la ½ finale, cela double, on parle de 7 000 000 par joueur...

Mais alors que l'école reste payante et donc non abordable pour certaines familles, alors que bon nombre de villages n'ont pas assez d'infrastructures pour développer les cultures, les récoltes et ainsi nourrir leurs populations, alors que le système de santé impose aux patients de payer la totalité de leurs soins même minimes, on se demande comment le gouvernement peut annoncer qu'il va offrir 7 000 000 à chaque joueur à chaque match remporté.......
Pour information, le seuil de pauvreté au Burkina s'élève à 80 000 FCFA/an/habitant. Un salaire moyen pour une personne ayant un emploi correct varie entre 30 000 et 70 000 FCFA/mois.
La scolarité en primaire est de 25 000 FCFA/an/élève, au collège elle grimpe à 70 000FCFA/an/élève, au lycée on passe les 80 000 FCFA et en ce qui concerne les études universitaires, chaque élève à intérêt à ne pas rater ses années car il verra ses parents se tuer à la tâche pour lui financer.

Il faut savoir également qu'ici, on a imposé le système LMD aux universités. Licence, Master, Doctorat. Mais tel que ce système est créé, il exige des étudiants qu'ils puissent très régulièrement faire des recherches de leur côté, en dehors des cours dispensés. On sait que les bibliothèque sont pauvres et internet est cher, la connexion n'est pas toujours bonne, chaque étudiant n'a pas les moyen de s'offrir un ordinateur, etc, etc (« quoi, quoi, quoi » comme on dit ici).
Alors, on voit les enseignants et étudiants tirer les langues pour calquer le système LMD dans un pays qui n'y correspond pas.
Comment peut-on imposer de telles choses sans même s'y préparer. On laisse alors les étudiants s'inscrire, on leur dispense leurs premiers cours, eh puis en cours d'année on s'arrête pour réfléchir, on grève, on galère à corriger les copies des étudiants car on n'a pas pensé à formé les professeurs aux nouvelles exigences des examens.
C'est ainsi que je vois mes amis en attente de leurs résultats d'examen de Deug de Biologie et Géologie depuis le mois de juin...
Cerise sur le gâteau, ou plutôt arsenic sur mort aux rats, on fini par leur annoncé que leur année est annulée, que compte tenu des cours dispensés à cette période, ils ne correspondent pas au système instauré aujourd'hui. Je ne sais que dire à mes amis, je reste bouche bée devant tant de manque de respect pour ses étudiants et leur famille qui se sont donné tant de peine pour suivre des études. Je suis en colère mais je les voit découragé, et même pas surpris, alors je me tais, j'arrête de me mettre en colère, je reprends mes esprits et ma sagesse, ainsi est la vie ici.
Il faut que ça change.

Arrêtons de vouloir à tout prix imposé des systèmes occidentaux qui fonctionnent dans certains pays mais qui ne peuvent pas fonctionner partout. Adaptons-nous à chaque état, à chaque population.

Et tant qu'à faire, ouvrons la question de l'Education Nationale burkinabée. Calquée sur le système français, elle propose exactement les mêmes cursus. Et un soir, autour d'un thé, je discute avec un ami qui me demande ce que je pense. Je lui renvoie sa question comprenant qu'il en a quelque chose à dire lui de tout ceci. Et il m'explique qu'ici, on forme les étudiants à des filières qui ne leur serviront pas dans la mesure où on peut faire Lettres modernes, Sociologie, Psychologie, Histoire, c'est beau, c'est intéressant, mais ça débouche sur quoi concrètement... Il n'y a pas d'emploi. Dans ces domaines là, seules les associations œuvrent mais l'argent c'est une galère pour le trouver, pour embaucher des professionnels.

Alors les grands utopistes, comme moi, se diront que les études ne sont pas toujours faites pour débaucher sur un emploi mais bien plus pour s'ouvrir sur le monde et pouvoir le critiquer après en avoir compris un minimum de tenants et d'aboutissants.
Mais le problème est toujours là, pendant que les étudiants apprennent de belles choses, il ne se forment pas aux métiers techniques qui leur permettraient d'acquérir des activités génératrices de revenus (AGR). Mais alors développons ces filières techniques. Ou bien demandons une fois de plus à l'état de ne balancer son peu de « combo » par les fenêtres et de créer des infrastructures adaptées aux besoins de ce pays qui emploieront des gens qualifiés pour y répondre (on parle des causes des enfants en situation de rues, des familles en incapacité de nourrir leurs enfants, de les soigner, de les habiller, de les scolariser, on parle des exploitations encore trop nombreuses d'enfants dans le dos de leurs parents, des conflits internationaux qui font se déplacer des populations au sein des pays frontaliers sans qu'il n'y aie de place pour eux, d'un coup de pouce offert aux enfants en leur fournissant des lampes solaires leur permettant de faire leurs devoirs le soir après la tombée de la nuit, on peut parler de plein de sujets...).

Bref, le monde reste le monde, et derrière cela on rentre dans des débats d'instances politiques et internationales qu'on a toujours tenu sans que les choses ne changent vraiment alors on comprendra que de nombreuses personnes soient découragées et fâchées.

Je vous laisse y réfléchir, approfondir les questions, ou pas. Je voulais simplement vous transmettre un peu de ce que j'apprends ici et vous dire que où que vous soyez, si l'école est gratuite pour vous ainsi que les soins, appréciez-le, vraiment, savourez-le, essayez de moins vous plaindre des petites contrariétés qui ne font pas de malheur, les enfants, allez à l'école sans rechigner, mais choisissez bien votre voie, ne laissez pas les autres vous imposer des choix inadaptés aux possibilités que vous offrira la vie ensuite...

Alors ainsi je ferme la page, je pense à vous, de l'autre côté de la mer, vous me manquez parfois, je pense à vous souvent, et je reste une française qui tente tant bien que mal de passer inaperçue dans un pays burkinabé.


A bientôt !!


Sarah